Sahel : flambée de cas de VBG sous la Covid-19, selon une ONG
Avec l’irruption de la Covid-19, on assiste à une flambée de cas de violences basées sur le genre (VBG) au Sahel, selon une ONG. La situation pourrait s’aggraver à défaut d’une prise en charge adéquate.
Dans son rapport, publié en juillet 2020, l’ONG Justice and Dignity for the Women of Sahel (JDWS) alerte sur la hausse des violences basées sur le genre dans cette région en pleine crise sanitaire liée au coronavirus. Sur 1056 femmes/filles enquêtées, 551 déclarent avoir subi des violences verbales ou physiques durant la crise sanitaire. Ces violences sont de nature diverse.
Il s’agit entre autres, souligne le rapport, « des intimidations, des insultes, des coups et blessures et souvent des menaces de mort ». « Certaines femmes vont jusqu’à affirmer subir des maltraitances pendant la période de leurs grossesses », rapportent les enquêteurs dans cette note d’analyse d’une vingtaine de pages.
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Cibles de violences
Outre la crise sanitaire au Sahel, les causes des violences faites aux femmes et aux filles sont liées aux fortes inégalités structurelles entre les sexes, le non-respect des droits humains et l’abus de pouvoir masculin dans des sociétés où le système du patriarcat a toujours prévalu, analyse JDWS. Par ailleurs, dénonce l’organisation, les filles sont la cible d’une série de violences : les mutilations génitales féminines, les attouchements sexuels, pédophilie et/ou inceste dans leur enfance.
Elles sont également victimes de harcèlements sexuels, de viols, de mariages précoces et/ou forcés. Souvent, elles sont « humiliées, parfois battues et économiquement discriminées ». Et n’ont d’autres options que de se murer dans la soumission et confier leur sort à la fatalité, selon l’ONG qui plaide pour le renforcement des mécanismes de prise en charge des VBG dans l’espace sahélien.
Mauvais élèves
Les restrictions imposées, en vue de limiter la chaine de contamination du virus, ont contraint beaucoup de femmes au confinement, avec leurs agresseurs. « De plus, certains refuges qui auparavant étaient accessibles aux femmes ayant besoin de fuir leurs agresseurs ne le sont plus. »
À l’échelle des six pays couverts par l’enquête (le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad voire le Sénégal), on dénombre une augmentation du taux de violences de 12%. Cependant, au Sahel, le Tchad et le Mali font office de mauvais élèves. Ils enregistrent respectivement des hausses de 30%, 14% et 10%. Alors que des pays comme le Burkina, la Mauritanie ou encore le Niger s’en sortent mieux, avec moins de 10% de hausse.
Prise en charge adéquate
Toutefois, JDWS nuance les performances du Niger et de la Mauritanie par le fait que dans ces États, il existe un tabou autour de la question, faisant que les femmes osent très peu rompre le silence sur les éventuelles violences à leur encontre.
Cette étude préliminaire se veut un signal à l’endroit des décideurs de la région pour une prise en charge adéquate des cas de VBG sous la Covid-19. Elle a été réalisée en ligne pour éviter de propager la maladie. L’ONG envisage une étude plus approfondie afin de mieux évaluer les risques et proposer des réponses idoines.
Retrouvez ici le rapport complet :
Source : benbere.org